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Episode 11 - "Bitcoin est un désastre environnemental"

Updated: Jun 9, 2021


"Bitcoin consomme plus qu’un état comme la Belgique, la Suisse ou le Portugal"

"Bitcoin est une aberration environnemental"

"Bitcoin fera bouillir les océans et causera la destruction de notre planète"

"Bitcoin est à l'origine du COVID 19..."



Ces gros titres ne vous sont surement pas étrangers. Bien évidemment, le dernier a été inventé... Bitcoin n'a rien à voir avec la pandémie, et votre bon sens vous a instantanément permis de détecter la supercherie. Cependant, les trois autres affirmations, bien que moins évidentes, sont toutes aussi fallacieuses. Il est triste de constater qu'un certain nombre de personnes se laissent avoir par ces déclarations 'tape à l'oeil', et condamnent immédiatement Bitcoin sans avoir pris le temps de creuser le sujet.


De plus, il est facile d'incriminer Bitcoin pour sa consommation énergétique car cette dernière est très facilement calculable - (correction) semble très facilement calculable. Il est en réalité très difficile de cartographier tous les sites de minage actuellement en activité et d'identifier quel type d'énergie ils consomment. La plupart des rapports et articles faisant le procès écologique de Bitcoin utilisent des hypothèses et des méthodologies de calcul souvent bancales. De plus, ils estiment la consommation future du réseau Bitcoin en extrapolant tout simplement la consommation actuelle - ce qui est totalement erroné. Un très bon exemple est l'article de Newsweek de 2017 qui prédisait que Bitcoin consommerait toute l'électricité disponible sur notre planète si le réseau continuait à croître de la sorte. Nous sommes en 2021 et force est de constater que la prédiction était incorrecte...


Bref, le lien entre Bitcoin et écologie est bien plus complexe qu'il n'y parait, et j'aimerais approfondir le sujet avec vous dans cet article.


Energie et progrès


Tout d'abord, il est primordial de rappeler que l'évolution de notre civilisation a toujours été lié à notre capacité à collecter et à utiliser l'énergie présente autour de nous. Tous les indices de qualité de vie (longévité, santé, alphabétisation, mortalité infantile, etc.) sont directement corrélés à une augmentation de la consommation d'énergie. Nous consommons plus d'énergie que nos ancêtres agriculteurs, qui eux-même consommaient bien plus que les premiers chasseurs-cueilleurs. Et ce n'est bien évidemment pas un problème. L'énergie est abondante sur notre planète. Le défi est de l'exploiter de manière responsable et durable...



Bitcoin vs la concurrence


Ensuite, il est essentiel de remettre les choses dans leur contexte et comparer la consommation électrique du réseau Bitcoin avec ce qu’il essaie de concurrencer (les Banques, l'industrie des métaux précieux, etc.). Plusieurs études ont déjà été faites à ce sujet. Je vous invite tout particulièrement à consulter les recherches de la fondation Bitcoin Suisse, de Dan Held, de Nic Carter, ou encore l'excellent rapport de Laurent Benichou. Ces analyses résument très bien le débat, et démontrent par exemple que l'or a un impact environnemental bien plus important que la reine des crypto-monnaies (voir tableau ci-dessous).


Un certain nombre de personnes rétorqueront alors à ce premier point que l'or et le Bitcoin sont tous les deux des fléaux pour la planète. La peste et le choléra. Malheureusement, un tel argument démontre une incompréhension profonde des caractéristiques fondamentales d'une monnaie saine et pérenne.


En effet, l'or et le Bitcoin sont énergivores. Mais une bonne monnaie - fonctionnant comme une réserve de valeur sûre et efficace, quelle qu'elle soit, se doit d'être difficile à extraire/créer pour en limiter la production. Nous n'avons malheureusement pas encore trouvé d'autres solutions à ce problème de rareté. Lorsqu'il suffit d'appuyer sur un bouton pour 'créer' de l'argent, comme dans le système monétaire actuel, les planches à billets font BRRRRRRRRR...


De plus, l'énergie nécessaire pour générer un nouveau bloc permet de rendre immuable toutes les transactions plus anciennes. En effet, si il n'y avait aucune difficulté à créer un bloc, n'importe qui pourrait revenir en arrière et altérer l'historique de la blockchain. Si Robert vous envoie un bitcoin aujourd'hui en échange de votre voiture, vous voulez être sûr que Robert ne puisse pas récupérer son bitcoin lorsqu'il sera parti avec votre bolide. On appelle cette situation, le problème de la double dépense. Jusqu'à maintenant, nous n'avions jamais réussi à résoudre ce dilemme sans faire appel à un tiers garant (exemple: Visa, Paypal, Mastercard). Bitcoin apporte une solution différente, décentralisée cette fois!


Ainsi, la consommation électrique du réseau Bitcoin est nécessaire, et garantit la sécurité du réseau. Le système de minage constitue un mur d'énergie d'une hauteur quasi-infinie protégeant le précieux trésor de toutes les personnes possédant et utilisant Bitcoin. Et ne vous y trompez pas, un mur similaire existe également autour des monnaies en papier (Dollar, Euro, Yuan, etc.). Il s'agit entre autres des gouvernements et armées des États en question. Ces derniers s'assurent que leur réseau monétaire n'est pas compromis. Il serait surement instructif de comparer la consommation énergétique de l'US Navy avec le réseau Bitcoin... De plus, il est intéressant de noter que depuis des siècles la monnaie de référence mondiale a toujours été celle du pays ayant la force navale la plus dissuasive (empire colonial Portugais, empire colonial Espagnol, l'empire colonial Britannique, et maintenant l'empire Américain avec le Dollar...).


Maintenant que les bases sont posées. Intéressons-nous à la vraie bonne question.


Quelles sont les sources d'énergie alimentant le réseau Bitcoin?


Car consommation n'est pas pollution.


Premièrement, rappelons que le coût principal d'une usine de minage crypto est lié à sa consommation d'électricité. Ainsi, les mineurs s'installent là où l'électricité est la moins chère. Ils tirent profit de l'inefficacité des sites de production et du réseau. Agissant comme des charognards énergétiques, les mineurs utilisent majoritairement de l'énergie qui aurait été gâchée ou perdue.

  • Nous savons qu'environ 50 à 70% du minage de Bitcoin se fait en Chine, et pendant la saison des pluies, 80% de ce minage se fait dans les régions de Sichuan et Yunnan où l'électricité y est particulièrement bon marché grâce aux nombreux barrages hydrauliques existants dans la région (source). Ces derniers ont été surdimensionnés lors de leur construction par le gouvernement Chinois à la fin des années 70, et représentent donc une source d'énergie abondante et bon marché pour les mineurs.

  • Le minage de bitcoins en Chine se fait également dans les régions de Xinjiang and Inner Mongolia (70% charbon/30% solaire et éolien). Comme mentionné plus haut, il faut bien comprendre que les mineurs exploitent de l'énergie qui aurait été autrement dissipée/gaspillée. L'idée qu'il y ait des usines à charbon en Chine qui tournent à plein régime uniquement pour alimenter des fermes de minage crypto est faux. Ce ne serait tout simplement pas rentable. Les usines de minage s'installent en périphérie de centrales électriques, de barrages hydrauliques, de parcs éoliens, et de sites d'extraction de pétrole pour récupérer toute l'énergie produite qui serait éventuellement perdue due à une demande trop faible. Ce qui est particulièrement le cas dans certaines régions Chinoises où les installations énergétiques ne correspondent pas aux besoins des populations locales (source).

  • D'après le dernier rapport de l'université de Cambridge (pour en savoir plus), au moins 39% de l'électricité utilisé pour miner du Bitcoin provient déjà d'énergies renouvelables (comparé à 28% l'année précédente). Cette tendance est certainement amenée à se poursuivre compte tenu des récentes annonces de plusieurs sociétés planifiant d'ouvrir d'imposants sites de minage au Texas et au Canada (fonctionnant uniquement avec de l'énergie verte).

  • Allant encore plus loin, la société UpstreamData propose un système réduisant les émissions de CO2 des sites de production de pétrole en récupérant le méthane (torchage du gaz naturel), et en l'utilisant comme source d'énergie pour créer de l'électricité. Dans ce cas, Bitcoin vient donc réduire l'empreinte carbone de certains sites de production.


Torchage de gaz naturel lors de l'extraction de pétrole

Bitcoin et énergies renouvelables


Même si les énergies renouvelables sont devenues de plus en plus compétitives (source), elles sont encore peu compatibles avec des zones fortement urbanisées. Les sites de production se retrouvent donc très éloignés des villes provoquant de lourdes pertes sur le réseau connectant les producteurs aux consommateurs. De plus, ces nouvelles sources d'énergies sont encore trop irrégulières - limitant encore grandement leur usage quotidien.


Aucune de ces problématiques n'est importante pour une usine de minage.

  • Un site de minage Bitcoin peut se trouver n'importe où (en Sibérie, au milieu du Pacifique, ou encore au centre de la forêt tropicale). Une simple connexion internet permet de relier l'usine au réseau.

  • De plus, l'usine peut s'adapter aux variations d'énergie en minant uniquement lorsque l'électricité est disponible.

Pour ces raisons, beaucoup pensent que l'industrie du minage, incitant économiquement le développement et l'innovation dans le secteur des énergies renouvelables, pourrait à terme accélérer la transition énergétique. De la même manière que les innovations développées en Formule 1 se retrouvent quelques années plus tard dans nos voitures, cette puissante impulsion amorcée par Bitcoin dans le domaine des énergies renouvelables se répercutera très probablement dans notre quotidien dans quelques années.



Conclusion


Le lien entre Bitcoin et environnement est donc bien plus complexe qu'il n'y parait. L'énergie est nécessaire au progrès... L'Homme s'est extrait de sa condition de 'simple' chasseur-cueilleur en canalisant depuis des siècles l'énergie disponible, et en l'utilisant pour améliorer ses conditions de vie. Bitcoin s'inscrit dans cette logique en proposant une monnaie digitale sûre et efficace. Élément fondamental à une société florissante et prospère.


Toutefois, comme nous l'avons remarqué, la corrélation entre consommation et pollution est incorrecte. Le cas des énergies renouvelables est pris très au sérieux dans le cas de Bitcoin - et non pas pour des questions morales, mais bien pour des questions économiques.


De plus, nous aurions également pu discuter du fait que Bitcoin, compte tenu de sa politique monétaire fixe et déflationniste, encourage la frugalité et l'épargne. Bitcoin se positionne aux antipodes de nos sociétés matérialistes et consuméristes. Toutefois, nous laisserons ce vaste débat, entre inflation et déflation, entre monnaie souple et dure, entre théories économiques Keynésiennes et Autrichiennes, pour un autre article.


En définitive, vous l'aurez compris, Bitcoin n'est pas forcément anti-écolo. Au contraire! Le ministre du Climat et de l'Environnement de la Norvège, lui, l'a bien compris. Ce dernier possède des Bitcoins (article), et prône la transition vers cette nouvelle technologie. Dans un pays où l'environnement est une priorité (article), cela laisse à réfléchir...



 





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