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Episode 9 - "Les États ne voudront jamais perdre le contrôle de la monnaie"

Updated: Jun 26, 2021


En effet, c'est possible...



Un peu d'histoire


Il s'agit d'une menace d'autant plus réelle que certains États ont déjà tenté d'utiliser leur pouvoir dans le passé dans des situations similaires. Par exemple, en pleine Grande Dépression dans les années 30 aux États-Unis, le décret 6102 est signé le 5 avril 1933 par le président Roosevelt et interdit la possession d'or par les particuliers sur tout le territoire.


L'or était alors perçu comme une menace à la stabilité économique du pays, et le décret incitait/forçait les américains à utiliser exclusivement comme monnaie les billets de la Réserve Fédérale des États-Unis. Toutefois, le décret fut un échec. Nombreux ont vu en ce décret une usurpation du droit à la propriété privée. Selon les données rapportées par Milton Friedman et Anna Schwartz dans leur essai A Monetary History of the United States, sur une estimation de 13,9 millions d'onces d'or détenues par des particuliers avant le décret, seulement 21% ont été remis au 1er janvier 1934 aux autorités. Et ces 21% représentent en grande partie l'or présent dans les coffres des banques américaines. Apparemment, très rares sont ceux qui ont vraiment échangé leur or contre des billets verts suite au décret. De plus, à la grande surprise des économistes de l'époque, le prix de l'or augmenta brusquement suite à l'annonce de Roosevelt - comme le montre le graphique ci-dessous. Bien évidemment, compte tenu du prix de l'or actuel, cette hausse de +100% au début des années 30 semble dérisoire aujourd'hui (article).


Pour information, le décret sera finalement abrogé en 1974...



Petit aparté. Il est intéressant de noter l'explosion du prix de l'or à partir de 1971 (date à laquelle Nixon coupe tout convertibilité du dollar en or). De plus, cette courbe du prix de l'or depuis 1800 n'est pas sans rappeler la courbe du prix du Bitcoin depuis 2009...


Et Bitcoin alors?


Après cette parenthèse historique, revenons-en maintenant à Bitcoin. Il serait beaucoup plus compliqué d'interdir/bannir Bitcoin aujourd'hui que l'or en 1933 et cela pour plusieurs raisons.


Loi interdisant la possession et l'échange de Bitcoin
  1. S'agissant d'un actif dématérialisé circulant sur Internet, l'application de cette loi interdisant l'utilisation et/ou la détention de bitcoins s'avérera extrêmement complexe. Ce serait comme essayer de censurer l'envoi d'emails. Possible mais techniquement peu réaliste aujourd'hui - à moins de littéralement couper Internet... Une commissaire de la US SEC (US Securities and Exchange Commission), Hester Pierce, l'a même récemment avoué dans d'une conférence intitulée « How to Invest in Crypto ». Nous voyons bien avec quelle efficacité les gouvernements ont réussi à interdir l'utilisation de logiciel distribué comme Bittorrent. Ce dernier est en service depuis 2001, et a récemment atteint les 2 milliards d'utilisateurs...

  2. Par ailleurs, pensez-vous qu'il soit possible que toutes les grandes puissances mondiales ratifient l'interdiction de Bitcoin? La probabilité de voir des pays comme l'Iran, la Russie, l'Arabie Saoudite, les Etats-Unis, la Corée du Nord, la Turquie, ou encore le Brésil se mettre d'accord au sujet de Bitcoin (alors qu'ils ont été incapable de s'unir sur d'autres problématiques) semble quasi nul. Ainsi, les pro-Bitcoin (plateformes d'échange, entreprises, mineurs, etc.) auront toujours la possibilité d'immigrer dans des régions où la régulation est plus souple, et ainsi continuer à développer cette technologie.

  3. Il s'agit alors d'un cas classique de 'théorie des jeux'. Si tous les États bannissent Bitcoin de manière unilatérale, pas de problème. Cependant, si l'un d'entre eux ne respecte pas l'accord, celui-ci bénéficiera d'un avantage stratégique et économique phénoménal sur tous les autres - attirant sur son territoire entrepreneurs et investisseurs pro-Bitcoin. Ainsi, afin de palier à ce risque, les États ont tout intérêt à promouvoir Bitcoin le plus rapidement possible, ou en tout cas, à ne surtout pas être le dernier debout quand la musique s'arrêtera. Imaginez l'état actuel d'un pays et de son économie si celui-ci avait complètement banni Internet dans les années 90...

  4. Ne réussissant pas à l'interdir, un État pourrait essayer de détruire Bitcoin ou en prendre le contrôle. Ce dernier scénario catastrophe contre le réseau est devenu quasiment impossible à l'heure à laquelle cet article est écrit. Bitcoin est le réseau informatique décentralisé le plus puissant de la planète, et une attaque frontale par une entité centrale nécessiterait une logistique insensée. Toutes les personnes disant le contraire ne savent tout simplement pas de quoi elles parlent, et ont probablement très peu d'expérience en informatique (et plus particulièrement dans le minage de crypto-monnaies). De plus, si tant est que le capital (plusieurs milliards de dollars) nécessaire pour une telle opération soit disponible, il serait très compliqué, voire même impossible, de se procurer le matériel informatique/hardware (appareil de minage), ainsi que la quantité pharaonique d'électricité requise pour réussir cette attaque. Et dernière chose, compte tenu que toutes les opérations effectuées sur le réseau Bitcoin sont transparentes et de surcroit surveillées en temps réel par des milliers, voire des millions d'utilisateurs, cette attaque ne resterait pas secrète bien longtemps, et la communauté Bitcoin trouverait vraisemblablement un moyen de contre-attaquer. Les utilisateurs pourraient par exemple rejeter tous les blocs minés par le ou les assaillants. Pour cela, il suffit d'écrire une ligne de code...


Conclusion


En définitive, l'interdiction et/ou destruction de Bitcoin par un ou des États semblent très peu probable à l'heure actuelle. Maintenant, il serait peut-être utile et bénéfique à Bitcoin qu'un État tente de le faire pour démontrer l'impossibilité de la chose. On pourrait enfin clore ce dossier, et se concentrer sur le futur. Toutefois, je n'ose pas imaginer l'humiliation du gouvernement en question sur la scène internationale. Ce risque d'échec et de déconvenue vient probablement refroidir encore un peu plus les personnes au pouvoir réfléchissant à une action radicale contre Bitcoin.


Le scénario le plus plausible est donc que les États essaieront de trouver le bon équilibre entre régulation et liberté pour ne pas voir cette nouvelle vague d'innovation leur glisser entre les doigts. Et c'est exactement ce que nous constatons aujourd'hui. Londres par exemple a récemment communiqué son désir de devenir un pôle pro-Bitcoin, et d'accueillir toutes les start-up et investisseurs Européens cherchant à développer cet écosystème (article du Express journal). Aux États-Unis, Miami et New-York, ainsi que les états du Wyoming et du Texas, sont entrain d'adopter la même stratégie (article du NY times et de Business Insider). La course pour devenir la prochaine Silicon Valley ne fait que commencer...




 




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